GLDF : les 10 questions du Grand-Maître.
C'est bien par une circulaire que le Grand-Maître Marc Henry s'adresse à chacun des ateliers (Vénérable et Député). Il pose 10 questions et y apporte immédiatement les réponses.
La "Circulaire Générale - n° 35 - année 2013-2014", du 7 mai, chacun appréciera le choix de la forme, est conçue comme une analyse de la situation générale réalisée à partir d'un tour des congrès régionaux que le GM a effectué en compagnie de son prédécesseur, Alain-Noêl Dubart (comme quoi il n'est pas si facile, y compris à la GLDF, de "descendre de charge"), suivie de 10 questions censées résumer les débats et auxquelles il apporte ses réponses.
Voilà une initiative qui pourrait "calmer le jeu" en apportant des éléments de réponses, au moins sur les intentions de l'actuel exécutif de la GLDF à un mois du convent.
A moins qu'elle ne le fasse rebondir...
Une méthode singulière.
La méthode est singulière. Se montrer attentif aux arguments échangés, aux questions qui se posent dans un débat aussi important n'a rien d'exceptionnel, bien au contraire. C'est même la preuve du grand intérêt que l'exécutif porte à la qualité des débats.
Là où c'est beaucoup plus "singulier", c'est d'anticiper les débats qui se tiendront au convent en apportant un mois avant, les réponses de l'exécutif, et quelles réponses ! Mais, plus encore est la proposition, dores et déjà, d'un projet de résolution qui repousse à décembre 2014 les votes sur "les modifications proposées"... Phrase sybilline, mots valises qui suscitent la question corollaire : pourquoi différer ?
Très vraisemblablement construite avec une volonté de dédramatisation, cette circulaire risque fort d'ajouter un degré supplémentaire d'interrogation avec cette proposition de résolution qui donne mandat au GM de continuer sur la base du vote de 2013 en attendant de voter sur le fond ... plus tard.
Difficile de dissiper le malaise ou un sentiment d'inutilité que ne vont pas manquer de ressentir les députés au convent lorsqu'on va leur expliquer que leur rôle ne consistera qu'à se défausser de leur souveraineté sur un sujet contenant l'éventuelle rupture "sans ambiguité avec les obédiences non régulières" au profit de la prochaine TGL...
La tentation du déni.
Cette méthode du GM, assez peu conforme à l'éthique de la démocratie, consiste tout bonnement à contourner le convent pour éviter le vote sur la question de la déclaration de Bâle !
Peut-il imaginer un seul instant que les députés pourraient accepter un tel désaisissement de leur souveraineté ? En d'autres circonstances de l'histoire, ce genre de stratégie d'évitement a eu les plus funestes conséquences... C'est ainsi que se multiplient les obédiences.
Honnêtement, chacun s'était aperçu qu'il se posait des questions ! Il suffisait d'observer ensemble :
- le contenu de la déclaration de Bâle (dont "la rupture sans ambiguité"...),
- le vote à 97% du Convent pour poursuivre le processus de RPMF,
- les différentes phases de la CMF (création avec promesse d'un effectif autour de 55.000 Frères, puis réduction de la voilure par le départ d'une puis de deux obédiences),
- la position de la GLUA vis-à-vis de la GLNF exprimée par le Grand Chancelier sur la situation française ("in progress"),
- la volonté de la GL-AMF de voir clarifier la question des relations interobédientielles de la GLDF au sein de la CMF et de la maçonnerie française,
- la position de la conférence des Grands Maîtres Nord-Américains, pro GLNF et ne citant la GLNF que dans le paragraphe consacrée à la
- et la volonté largement affichée de Marc Henry de faire comme si aucune condition n'était posée par les 5 Grandes Loges Régulières dans la déclaration de Bâle ou qu'en tout état de cause, la GLDF n'aurait pas à y répondre !-
Dans ce contexte, le très récent accord que la même GL-AMF vient de passer avec le GODF, accord qui comprend, ce qui n'est pas "habituel" dans pareil accord, la possibilité des intervisites, vient apporter un éclairage nouveau sur le sort de la CMF... et fragilise d'autant la position de la GLDF.
Dans ce contexte, des réponses pour qui ?
Alors quel statut donner aux réponses du Grand-Maître, car elles n'épuisent pas les questions, voire elles les complexifient encore davantage ?
D'abord, le Grand-Maître nie la réalité de l'exigence de Bâle. La pirouette dont il se sert (on-ne-peut-pas-rompre-ce-qui-n'existe-pas) en parlant de l'absence de traité d'amitié avec, notamment le GODF (qu'il en profite pour mettre au même rang que la GLNF !) ne trompera personne, en tout cas surement pas les anglais !
Qui peut raisonnablement prétendre, de bonne foi, que les frères de la GLDF n'ont aucune relation avec les frères -et les soeurs- du GODF, du DH, de la GLFF ? L'exigence de Bâle ne concerne pas seulement les problèmes administratifs mais également les liens maçonniques (rituéliques pour parler "GLDF") qui existent concrètement entre les Frères et les Soeurs.
Qui peut raisonnablement prétendre qu'il suffirait de renvoyer la question sur la responsabilité individuelle des Frères en déclarant que c'est à eux (et pas à leur obédience) de choisir "en conscience" de faire ou de ne pas faire de visite. Tout en leur rappelant les obligations qu'ils ont eux-mêmes contractées...
Cette méthode, dangereuse, renforcera inévitablement les adversaires du fait obédientiel et les légitimera dans leur question unique : à quoi peut bien servir une obédience...
Pas de doute, les frères (ceux des écoles chrétiennes) ne désavoueraient pas un tel procédé.
Les relations de la GLDF avec les Soeurs.
A pas moins de huit reprises, Marc Henry évoque les relations fraternelles de la GLDF avec les Soeurs, notamment de la GLFF. La question est donc "prégnante". Il fait allusion à la création d'un rituel spécifique dit "cérémonie de réception" et il précise "qu'elles n'entrent pas dans le cadre des Tenues rituelles". C'est à tel point vrai que les soeurs, enfin celles qui acceptent de faire le déplacement, y sont reçues sans gant ni tablier !
De toute ancienneté, le signe distinctif de reconnaissance mutuelle des francs-maçons fut précisément le port du ... tablier ! Il faut avoir de l'aplomb pour prétendre entretenir dans ces conditions des "relations fraternelles" avec les Soeurs. Là, ce sont les Soeurs qui développent la revendication de ne plus accepter les frères de la GLDF en visiteurs "puisqu'il n'y a pas de réciprocité" que cette argumentation, juste "un peu" spécieuse, renforce.
Les grandes manoeuvres.
On le voit, la GLDF est au milieu du gué. Le convent, avec ou sans l'accord de l'exécutif, aura la question de la rupture au coeur de ses préoccupations. Et force est de constater qu'un vent souffle pour qu'il ne s'en saisisse pas ! Mais chacun doit voir aussi que les flancs de ce vent se renforcent des aquilons venus des sommets du rite !
"Tout vous est aquilon" (dit le chêne), "tout me semble zéphyr" (au roseau).
On connait le sort que La Fontaine réserve au chène...
Rien ne serait pire qu'un déni de débat, qu'un empêchement de souveraineté...
Pour avoir eu l'honneur de présider un convent du GODF (2006, La Rochelle 1), je mesure le déshonneur que constituerait l'impossibilité de débattre d'un sujet crucial. Mais je sais aussi la force que représente la vague montante des délégués (au GODF), des députés (à la GLDF) lorsqu'elle exige de manifester sa souveraineté en s'affranchissant des pressions...
C'est cette force-là qui doit s'exprimer, souverainement, affranchie de toutes pressions.
Enfin, l'illusion du contrôle de la diffusion.
Cette circulaire, Marc Henry l'adresse aussi à La Lumière, laquelle prie les blogueurs de "ne pas publier le lien" vers le texte de ladite circulaire.
Jolie exclusivité que François Koch s'est assurée !
Mais n'est-il pas légitime, cher François, de s'interroger sur la publication d'une information dont il est recommandé de ne pas la re-diffuser...
On la trouvera néanmoins ci-dessous, celle-ci m'ayant été adressée par plusieurs autres voies, particulièrement inquiètes de la tournure que prennent les évènements...
Gérard Contremoulin
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GLDF - GM - Circulaire Générale n° 35 - année 2013-2014