Pourquoi il faut s'unir pour rebâtir Notre Dame de Paris...
Il faut reconstruire ce qui constituait avant ce lundi 15 avril, l'un des symboles de l'histoire millénaire de la France : la Cathédrale Notre Dame de Paris.
Comment le laïque que je suis peut souhaiter, que dis-je souhaiter, vouloir la reconstruction de cette cathédrale ? Tout simplement parce qu'elle est la manifestation du génie humain, celui des bâtisseurs, l'expression de cette intelligence humaine en acte qui permet la réalisation de ces monuments à la gloire de ce qui est, à l'époque, la fin de l'humanité : la Transcendance, c'est-à-dire Dieu.
Me le reprochera-t-on ?
Je fais confiance à l'intelligence. Ce serait méconnaître notre histoire, ce serait méconnaître ces petits détails des tailleurs de pierre qui "signaient" par tel détail "impie" leur création. On en remarque, par exemple, à St Julien de Brioude. Et si l'on a le souci de la contextualisation, on remarque que réaliser ces oeuvres signifiait se conformer à une commande et donc pouvoir travailler.
Et qui étaient ces travailleurs, ces tailleurs de pierre qui élevaient des cathédrales vers le ciel, résidence du génie humain ?
Des hommes qui avaient la connaissance du Trait ; qui savaient manier la corde à noeuds pour calculer les distances ; qui connaissaient l'art de passer la truelle ; des bâtisseurs, des sachants.
Ils ont des descendants, des enfants ayant su assurer, de génération en génération, la transmission, les Compagnons.
Les Compagnons Charpentiers des Devoirs montrent la voie.
Sur France Bleu, ils lancent un appel au gouvernement. Ce faisant, ils le lancent ENSEMBLE, les trois sociétés compagonniques. Quand on connait la vie du Compagnonnage en France, on mesure la force de cet appel commun.
Alain Lespiaucq alias "Landais la clé des cœurs" sait ce qu'il doit à son histoire. Et cette histoire commence avec la construction de la cathédrale Notre Dame de Paris. Elle est le point de départ de la constitution de l'Ordre des Compagnons. Ils sont aujourd'hui 8.000 Compagnons Charpentiers répartis en 3 sociétés : la Fédération Compagnonnique, l'Association Ouvrière et l'Union Compagnonnique.
Cette initiative fait rêver le franc-maçon que je suis et qui appelle depuis tant de temps, à la convergence des obédiences libérales a-dogmatiques (pour faire simple : celles qui n'obligent pas à croire en Dieu et qui accepte le travail en mixité).
Pour quelles raisons nos obédiences ne trouvent-elles pas le moyen de s'entendre pour lancer un appel à nos concitoyens vers l'absolue nécessité de joindre nos efforts pour reconstruire Notre Dame de Paris...
Laïcité et néanmoins, déchirement devant cette catastrophe.
J'assume cette apparente contradiction. Le laïque que je suis, comme beaucoup, comme la plupart d'entre nous, est bouleversé par la catastrophe qui s'est abattue sur Notre Dame de Paris, symbole de la force créatrice de l'humanité et du génie des bâtisseurs. La Cathédrale, dans sa signification, va bien au delà d'un lieu de culte. Elle est un trésor inestimable de notre patrimoine. Alors, oui, il faut la 'rebâtir" et, ce faisant, lui imprimer la marque de notre temps. Entretenir, Sauvegarder et Transmettre...
Tel est mon devoir : transmettre. Je ne perçois aucune contradiction entre reconnaître le génie humain qui se manifeste dans la réalisation de ce type d'édifice et la conception laïque de la construction sociale que je revendique.
Gérard Contremoulin
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