Gueule de bois, par Jacques Servia.
Gueule de bois
Que sont devenus
ceux qui se donnèrent
Que sont devenus
ceux qui s'offrirent
A l'amour
A la liberté
A la fraternité
À l'égalité.......
ils passèrent l'Ebre le Rhin
transis échevelés affamés
noyés dans ces flots de sang
cent et cent
mille et mille
submergés par l'horreur
écrasés par la charge
qu'ils portaient
cent et cent
mille et mille
le poids de la dignité de l'honneur
le poids des noires années
Des camelots et de la Cagoule
Des cris et des chuchotements
assourdis abasourdis
par le bruits des bottes
des portes de wagons
qui claquaient
des aboiements
des chiens et des kapos
Ils virent et vécurent
ces ânées de bâts
chargés par des mains
Calleuses et noueuses
sur des épaules meurtries
Ces indicibles instants
ces héros anonymes
Foulaient aux pieds
La gangrène des ligues
les hérauts
de la parole perdue
Hurlaient
dans des culs de basse-fosse
Un futur adouci
sous les coups de schlague
le regard niché
Sur les ailes
de ces martinets à tire-d'ailes
qui transportaient
les levains de l'utopie
Et cette peste brune
Est prête
À renaître ...
Jacques Servia