Le 1° Mai 2019 des francs-maçons.
Depuis plus de vingt ans, les francs-maçons sont appelés, à l'initiative du Grand Orient de France, à se réunir au cimetière du Père-Lachaise pour rendre hommage aux Martyrs de La Commune et aux artisans du progrès social.
Bien que cette dernière orientation ne soit pas toujours mentionnée, elle reste au coeur de ce rassemblement.
Je n'ai pas pu me rendre cette année à notre rendez-vous traditionnel du Père-Lachaise au "Mur des Fédérés".
Mais vous serez sensibles au témoignage que Jean-Michel Rosenfeld, mon parrain, nous livre sur sa page Facebook :

A l'initiative du Grand Orient de France, le traditionnel rassemblement du Père-Lachaise au mur des Fédérés il y avait un nombre incalculable de frères et de soeurs.
Aujourd'hui, j'ai touché mon salaire car en 1998 c'est-à-dire il y a 21 ans au cours du premier rassemblement j'étais maire adjoint chargé du patrimoine et de la mémoire et j'étais à côté de Philippe Guglielmi, alors Grand-Maître. En 1998, nous étions une cinquantaine !!!
Aujourd'hui je le répète, j'ai touché mon salaire.
Et puis à "L'Europe des Lumières", le témoin est en de bonnes mains...
Nos amis de "Radio Delta" ont réalisé une captation de cet hommage avec notamment les interventions des Grands-Maîtres dont celle de Jean-Philippe Hubsch, Grand Maître du GODF.
C'est ici.
Quelques reportages.
Crédit photos : Morticia Page (Facebook)
Crédit photos "open"...
Crédit photos : Yves Barbier
La polémique habituelle que nous devons aux pourfendeurs de l'extériorisation maçonnique, reprend du service sur les réseaux sociaux à propos de cet hommage du 1° mai à l'invitation du GODF.
Alors précisons, une nouvelle fois la position maintes fois exprimée ici et dans différents écrits.
Connaître son histoire.
Ne pas la connaître condamne à la revivre. Dans ces colonnes, à plusieurs reprises, nous sommes revenus sur le rôle plus que contrasté du Grand Orient de France.
Revenus aussi sur l'impératif de toute plongée dans l'histoire : conceptualiser pour éviter de transporter dans le passé les valeurs d'aujourd'hui. L'objectif n'est pas de juger mais de réunir les éléments de situation pour comprendre.
La majorité des loges et du Conseil de l'Ordre n'était pas favorables aux Communards. Rappel de l'un de mes articles sur cette période :
La Commune de Paris.
En mars 1871, lorsque Paris se soulève, la maçonnerie se divise entre :
— celle des « blouses maçonniques », maçons prolétaires et révolutionnaires — adhère d'emblée à La Commune,
— celle des « habits noirs » bourgeois républicains et modérés — fréquente plutôt Versailles, comme le GM Babaud-Laribière.
À plusieurs reprises, les loges parisiennes tentent d’obtenir la réconciliation et le cessez-le-feu en contactant les francs-maçons versaillais mais elles se heurtent aux refus répétés d'Adolphe Thiers.
À l’écrasement de La Commune, lors de « La Semaine Sanglante », de nombreux Frères tomberont sous les balles versaillaises.
Le Grand-Maître Jean-Michel Quillardet, évoque cet épisode sanglant au Mur des Fédérés le 1°Mai 2007 :
Je salue tous les Frères et toutes les Sœurs victimes de la répression sanglante. Je salue toutes les Loges qui combattirent pour la liberté, et en particulier «Les Amis de la Patrie» qui partit à la conquête de la première barricade à Neuilly et où beaucoup de ses Frères périrent en y laissant leur bannière, déchiquetée, trouée par les coups de feu, mais illuminée par les lumières de la liberté.
Le message de la Commune, c'est aussi une certaine idée de la République, et c'est la lutte incessante pour le respect de la laïcité.
Au convent de 1871, Frédéric Desmons demande l’amnistie des Communards exilés, sans succès !
A partir de 1872,la franc-maçonnerie accusée de complicité avec La Commune est à nouveau suspecte et des loges sont fermées sous l'Ordre Moral, ce programme politique à la fois reconquête religieuse de la société et lutte politique sans concession contre le radicalisme républicain.
Pour l’anecdote, c'est dans ces circonstances que le 23 juillet 1873 l'Assemblée nationale adopte une loi déclarant d'utilité publique la construction d'une basilique dédiée au Sacré-Cœur sur la colline de Montmartre.
Cependant, en 1877, les républicains remportent les élections législatives. Une centaine de francs-maçons sont élus au Parlement.
1° mai sur fond de Gilets-Jaunes.
Ce Premier Mai, journée mondiale des travailleurs, et non de la fête du Travail comme d'aucun le dise parfois, restera comme celui où des organisations syndicales n'auront pas pu défiler.
Il restera aussi comme celui de la confirmation que la mouvance autonome réapparue sous la forme des black-blocs, a besoin des manifestations des Gilets-Jaunes pour s'y fondre et mettre en oeuvre sa stratégie de guérilla urbaine.
Cette mouvance, tant qu'elle aura besoin de cette complémentarité, diffèrera des Brigades Rouges italiennes ou de la Fraction Armée Rouge allemande d'Andreas Baader et de Ulrike Meinhof et des années de plomb qu'ils ont fait peser sur ces pays et sur l'Europe.
Mais pour combien de temps ?
Gérard Contremoulin
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