La Honte honteuse.
"Tout ce qui est excessif est insignifiant". Tout ce qui joue la honte est honteux.
Dans notre République, on n'est déclaré coupable qu'à la suite d'un procès qui opposent deux parties au moins, le ministère public qui accuse et la défense de l'accusé (du "mis en examen"). C'est le caractère contradictoire.
Et si une condamnation est prononcée, le condamné bénéficie de la possibilité de faire appel et éventuellement, d'aller en cassation. Lorsque toutes ces voies de recours ont été utilisées, alors la condamnation , si elle est maintenue, devient définitive et produit tout ses effets.
Aujourd'hui, le lynchage s'est imposé sur les réseaux sociaux. Il est devenu surpuissant. Sur fond de moralisation et d'exemplarité, certains mouvements radicaux préfèrent déchaîner la vindicte publique numérique que de s'en remettre à la justice.
Dans l'affaire de la Mairie de Paris visant Christophe Girard, deux membres d'EELV, Alice Coffin et Raphaëlle Rémy-Leleu conseillères de Paris, appuyées par des élus France-Insoumise et communistes, ont organisé une manifestation devant l'Hotel-de-Ville. Chacun appréciera le contenu des banderoles déployées : "Marie de Paris : bienvenue à Pédoland".
Prostituer les mots.
Quelques heures après cette manifestation, Christophe Girard remettait sa démission.
Dans son discours de réception du Prix Nobel, Albert Camus déclarait : "on ne prostitue pas impunément les mots."
Danielle Simonnet, élue LFI estime que : "Ce qui était en jeu, ce n'est pas la question de la présomption d'innocence, mais la question de l'exemplarité dans le combat contre les violences sexistes et sexuelles."
Avec la démission de Christophe Girard, elle conclue que "le mouvement féministe a réussi un combat important."
Le lendemain, le Conseil de Paris se réunissait. Un hommage lui était rendu par le préfet de Police de Paris, parlant de la leçon républicaine qu'il avait donné la veille.
C'en était trop pour Alice Coffin qui tentait de perturber les applaudissements nourris sur la plupart des bancs.
Qu'adviendra-t-il des relations entre la Maire de Paris et le groupe EELV ?
Anne Hidalgo semble résolue à déposer plainte et obtenir des éclaircissements de la part du groupe après qu'elle ait signifié qu'elle excluait les deux conseillères de sa majorité, Alice Coffin et Raphaëlle Rémy-Leleu, porte-parole d'"Osez le féminisme".
Selon l'article du journal en ligne "20'"
"Désormais, selon un communiste à l’AFP, « la question qui se pose c’est sur qui Anne Hidalgo peut compter au sein des écologistes ? ».
Pour David Belliard, adjoint aux transports d’Anne Hidalgo et candidat EELV à la mairie de Paris, la participation d’EELV à la majorité ne fait pas de doute : « Il n’y a pas pour nous de sujet particulier, on continue à travailler » et « à [en] faire partie ».
A suivre...
La tyrannie de l'Ordre moral.
En République, les manières de penser, d'agir, de se comporter sont régies par la Loi républicaine, votée par le Parlement. Y manquer expose aux sanctions prévues et décidées par la Justice, selon des normes écrites. Telles sont les règles applicables dans un état de droit comme la France. Et celles et ceux qui se reconnaissent dans le principe de Liberté Absolue de Conscience, le savent tout particulièrement.
D'où vient alors, que l'on assiste à une vague de plus en plus submergeante de recours à des procédures alternatives qui se basent sur une conception morale ? Et le plus surprenant est d'entendre des auxiliaires de justice, comme des avocats, y joindre leurs voix.
Si la Justice est rendue "Au nom du Peuple Français", c'est en application des lois, non de la vindicte, fut-elle "populaire".
La première est légitime, la seconde est criminelle.
Lorsqu'en 1901, des forces se sont unies, (la Ligue des Droits de l'Homme, La Ligue de l'Enseignement et une centaine de loges du Grand Orient de France) pour créer le Parti républicain, radical et radical socialiste, c'était pour contrebalancer le poids du parti ultramontain, le parti du Vatican, intitulé "Parti de l'Ordre moral". Celui même que l'on a vu se déchaîner contre Aristide Briant, lors de la bataille pour la loi de 1905.
Confondrions-nous aujourd'hui morale, moralisateur et moralisation ?
Le purisme, une pensée totalitaire.
Cette vague de purisme renvoie à deux éléments de la pensée de Camus. Son "Pas d'amour de vivre sans désespoir de vivre" qu'il écrit dans "Entre oui et non" et l'exergue de ses "Lettres à un ami allemand" où il écrit en citant Pascal : " On ne montre pas sa grandeur pour être à l'extrême, mais bien en touchant les deux à la fois".
Ce qui caractérise l'exigence morale de Camus c'est d'être en tension permanente. Et le propre d'une personnalité n'est pas d'avoir des idées tranchées, voire tranchantes mais d'avoir l'ambition de "comprendre" les deux bornes de la contradiction, c'est-à-dire de les faire siennes.
Cette attitude intellectuelle, proche de celle qu'ambitionne les francs-maçons, est incompatible avec la pensée radicale, exclusive.
L'exigence moralisatrice, tout comme l'exigence de transparence sont les deux faces d'une même monnaie, celle qui paie le totalitarisme.
Veillons à ne pas participer ce marché de dupes...
Gérard Contremoulin
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