Covid et Franc-Maçonnerie - 6 : Réouverture prématurée des sites ?
Les neuf principales obédiences ont décidé de réouvrir leurs portes. Est-ce trop tôt ?
Dans un nouveau communiqué commun, les neuf obédiences maçonniques signataires en ont fixé la date. Ce sera le 1° décembre.
Ce communiqué publié le 27 novembre, soit trois jours après les annonces du Président de la République, semble bien rapide. Bien sur, on peut penser que les exécutifs obédientiels s'étaient préparés à cette décision commune. On peut donc penser que toutes leurs décisions n'ont pas encore été annoncées.
Car des questions demeurent.
La question des horaires.
L'autorisation de reprise des travaux conjuguée avec le couvre-feu fixé à 21 heures, rend impossible l'organisation actuelle des tenues. Elles commencent dans leur grande majorité à 20h00 pour une durée moyenne d'un peu plus de deux heures.
L'avancement à 19h00 voire 18h30 et la limitation à 90 minutes devient impérative de manière à assurer des conditions minimales de travail et celles du retour à domicile.
La question des effectifs.
Les directives sanitaires fixent un effectif maximum de trente personnes pour les réunions, quelles qu'elles soient, pour respecter la distanciation physique. Les tenues maçonniques y sont incluses.
Pour certaines loges à gros effectif, cette limite peut présenter un handicap. Certes, on peut le contourner en envisageant qu'un certain nombre de membres ne se déplacera pas. Ce qui est, convenons en, une hypothèse bien peu fraternelle ! Sans compter les risques d'un conflit qui ne dit pas son nom mais qui n'en est pas moins émergeant, celui des générations.
L'une des solutions possibles consisterait à réduire le nombre de tenues obligatoires de deux à une par mois. Elle permettrait de répartir les loges dans les temples les plus grands des sites de manière à respecter les distances minimales entre les frères et les soeurs.
Hétérogénéité des sites maçonniques.
Les différences entre les volumes et les équipements des locaux maçonniques sont à prendre en compte. Elles rendent complexe la publication de dispositions communes inter-obédientielles. En fait chaque site a ses caractéristiques propres. Et même s'ils ont tous fait l'objet, théoriquement, de visites régulières des commissions de sécurité, les différences sont parfois énormes. Or la circulation du virus par aérosolisation est favorisée par des systèmes de ventilation ou d'aération inadéquats, par une certaine exiguïté, par la situation en étage ou en sous-sol, etc.
La question des attestations.
Le communiqué précise qu'il s'agit de la 2° catégorie : "Déplacement pour se rendre dans un établissement culturel autorisé". Il s'agit donc de la même que les cinémas, musées, bibliothèques, etc. La question est celle de la preuve. Ces établissements délivrent qui un billet chronographé, qui un coupon daté, qui une facture. Que devra-t-on produire ?
La question financière.
La suspension des activités maçonniques s'est traduite par la non utilisation des locaux et l'impossibilité de tenir les travaux des loges. Ce sont les deux composantes importantes de la contribution financière demandée habituellement aux frères et aux soeurs.
Autre modification importante, l'organisation d'un convent. Celui du GODF représente un budget de l'ordre de 830.000€. Le changement important de son format pour 2020 entraine une économie substantielle dont l'emploi vers la solidarité maçonnique avait été souhaité par plus de 80% des loges lors d'une consultation électronique.
Ces modifications ont entrainé des diminutions importantes des charges générales qui auraient du se traduire au niveau financier par une baisse des cotisations. Non seulement ce n'est pas le cas pour l'exercice 2019-2020 mais ça ne l'est pas davantage pour le suivant (2020-2021), dont le budget sera prochainement adopté.