Pour un développement international de la franc-maçonnerie libérale adogmatique...
Ce qu'il est convenu de nommer les "affaires extérieures" dans la plupart des obédiences maçonniques constitue le cadre d'une réflexion prospective indispensable pour le long terme.
La perspective de développement de l'audience d'une obédience maçonnique hors de son territoire national est souvent un sujet de controverses. On s'interroge, légitimement, sur l'intérêt que cela représente, sur le coùt correspondant, sur les moyens humains susceptibles d'être réunis, bref cette perspective ne peut reposer que sur des objectifs clairement définis, discutés et adoptés par leurs instances décisionnelles.
Et parce que la réflexion se situe nécessairement en amont des décisions, chaque franc-maçon, soeurs et frères concernés, est en droit de bénéficier des informations sur chacune de ces problématiques. C'est alors que les publications, papiers et "blogosphériques", peuvent constituer un fond de documentation utile pour enrichir les réflexions.
Développer la franc-maçonnerie libérale.
Ce développement est fondé sur l'idée de faire connaître les caractéristiques de la franc-maçonnerie libérale adogmatique, c'est à dire les différences qu'elle manifeste avec le "modèle" actuellement le plus important dans le monde, le modèle "régulier", celui qui soumet à la GLUA de Londres le soin de sa reconnaissance. Le plus important certes, mais la chute de ses effectifs atteste qu'il est entré en crise.
Une non-entente cordiale...
Si les éléments de cette réflexion doivent être largement partagés, en revanche, les détails ne sont pas, à mon sens, susceptibles d'être rendus public. De même que les moyens et a fortiori les modalités et les acteurs qui mettent en oeuvre une "politique" de développement à l'international des obédiences maçonniques. Car il n'est pas sans risque de porter ainsi à la connaissance des organisations anti maçonniques ou des gouvernements peu sympathisants ou carrément hostiles ces modalités visant au développement d'une franc-maçonnerie qu'ils ne peuvent concevoir que comme une force d'opposition. L'information qui peut paraître indolore ici, peut dans certains pays, représenter un danger...
Et lorsque que dans ces pays, notamment africains, le Chef de l'Etat est aussi le Grand Maître de la Grande Loge "Régulière", proposer un modèle maçonnique alternatif peut prendre une dimension beaucoup plus préoccupante. Dimension qu'il est préférable d'avoir présent à l'esprit au moment de rédiger et de publier...
Ali Bongo Odimba, Grand-Maître de la Grande Loge du Gabon et Chef de l'Etat.
Un modèle alternatif sans alternance.
Il faut bien avoir à l'esprit que la maçonnerie, si elle se veut universelle, n'est pas universellement adogmatique. Nous savons cela depuis le convent du Grand Orient de France de 1877 et le schisme qui a suivi. La question reste toujours aujourd'hui la ligne de démarquation entre ces deux modèles : l'obligation de croire en un Etre suprème et en sa volonté révélée (la franc-maçonnerie régulière) ou de ne pas y être obligé (la franc-maçonnerie libérale adogmatique).
En France, la franc-maçonnerie "régulière" était représentée par la GLNF jusqu'au 12 septembre 2012, date à laquelle la GLUA lui a retiré la reconnaissance qu'elle lui avait accordée le 3 décembre 1929. Si bien qu'aujourd'hui plus aucune obédience française n'est "reconnue". On connait ce dossier... (voir les articles à l'onglet "Régularite")
Le modèle libéral adogmatique se définit par un ensemble de valeurs progressistes qui a été exprimé d'une manière inter obédientielle dans une déclaration qui avait donné naissance à "La Maçonnerie Française" en 2002. Et puis, par la voix de son GM, Alain Graesel, la GLDF a tenté de saborder l'initiative interobédientielle en 2006, sur fond de contestation du dépôt de "propriété industrielle" ! Si l'on considère le contenu réellement alternatif au modèle "régulier"de cette déclaration, on restera interrogatif sur le sens réel de cette contestation ! D'ailleurs la raison de cette difficulté ayant disparue (la marque ayant été retirée par le GODF), le rétablissement des relations ne devraient plus poser de problème... Nous savons qu'il n'en est rien !
Une "petite" anecdote montre les mérites de la Maçonnerie libérale adogmatique. Pour créer sa 2° Loge travaillant en ... anglais ("Freedom of Conscience"), le GODF a recherché un Temple susceptible de l'accueillir soit en acquisition soit en location. Les recherches furent longues et difficiles. Peut-être que cette volonté de vouloir ajouter une nouvelle loge de la maçonnerie libérale et adogmatique en terre "régulière" et qui plus est dans sa langue pouvait faire l'objet d'une attention spéciale de la part de nos "amis anglais" et de leur royale hiérarchie ! C'est finalement le DH, dans ses locaux de Surbiton, qui l'accueille. La première loge "Hiram", qui travaille en français, fêtera ses 115 ans en octobre prochain.
Et si on commençait par l'Europe...
Ce n'est pas une proposition alternative mais il est nécessaire, dans le développement international, de faire un "paquet" spécifiquement européen. L'Europe est une longue marche mais qui se perd dans le labyrinthe bureaucratique lorsque ses dirigeants perdent la cap, volontairement ou non, de leur boussole.
Pourtant.
Les 74 ans qui séparent 1870 de 1944 auront vu trois guerres, plus de 65 millions de morts et tant de projets pacifistes sombrer dans la ruine des tranchées et des camps.
Et les 70 ans qui nous séparent de la Libération auront vu la création d'une idée de Paix qui s'impose aujourd'hui par l'existence même de l'absence de guerre, l'existence de cette Paix chère aux francs-maçons qui avec Léon Bourgeois avaient tant espéré de la Société des Nations...
Aujourd'hui, elle n'est plus que l'ombre de son projet. Piétinée par les appétits financiers, menacée par la résurgence dangereuses des nationalismes, outragée par la montée des extrêmes droites, déchirée par la dictature des marchés, étouffée par les dettes souveraines, elle s'érige contre l'intérêt des peuples.
Alors, il faut relever le gant !
Les francs-maçons, soeurs et frères de la franc-maçonnerie libérale adogmatique peuvent-ils laisser se déliter l'Europe ? Il existe des loges dans plusieurs obédiences qui se sont attelées à ce chantier, des loges pour lesquelles le mot Europe n'est pas qu'une référence aussi vague que lointaine.
Il est probablement nécessaire aujourd'hui de relancer le débat sur les valeurs humanistes, sur les valeurs des Lumières, aujourd'hui de plus en plus contestées !
Bâtir un espace de travail maçonnique autour de ce projet, travailler à réunir des francs-maçons de différents pays-membres, organiser des rencontres et prendre l'habitude de vivre la franc-maçonnerie à travers les "frontières", celles des cultures, des modes de vie, des langues, concrètement, rituellement, réellement.
L'idée fait son chemin...
Gérard Contremoulin
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