A propos de la maçonnerie libérale et mixte en France
La Grande Loge Mixte de France qui va fêter ses 30 ans a parfois du mal à exister dans le la recomposition en cours du paysage maçonnique français décrit ici.
Lors de sa création de la GLMF, il s'agissait de faire vivre des Loges mixtes libérales et adogmatiques.
Le GODF et plusieurs dizaines de ses Frères se sont investi dans la création de la GLMF ; certains d'entre eux ont toujours la double appartenance.
De par cette naissance, les textes et le fonctionnement de la GLMF sont globalement ceux du GODF ; les rites pratiqués sont quasiment les mêmes.
La GLMF s'est développée de manière continue et a maintenant environ 4000 membres dans une parité presque parfaite (1 ou 2% de plus en faveur des femmes).
Depuis quelques années, l'harmonie n'est plus toujours là. L'obédience enregistre de nombreux départs individuels, mais aussi de loges entières.
A l'heure où la mixité devient banale au GODF on peut se poser la question du sens des efforts nécessaires pour la survie, à ses côtés, d'une petite obédience mixte pratiquant la même maçonnerie (je ne parle pas ici de la GLMU que je connais moins bien, mais pour laquelle les mêmes questions pourraient se poser).
Des Soeurs et Frères disent être attachés aux spécificités de la GLMF qu'ils ne retrouveraient pas au GODF et qui font de la GLMF une obédience pas comme les autres : La taille humaine et une authentique pratique (au moins dans les proportions) de la mixité. Est-ce suffisant pour résister aux dysfonctionnements de ces dernières années ?
On assiste à une dérive de l'obédience menée par un groupe qui, introduisant de "nouvelles" pratiques rituelliques, semble vouloir mettre en place une structure pyramidale. Il a fallu aller en justice profane pour contrer les actions visant à mettre sous tutelle le Grand Chapitre Général de la GLMF. Les relations avec les autres obédiences notamment à propos de la double appartenance ont généré des crises. Il y a quelques années, l'obédience a dû se "séparer" de son Grand-Maître en cours de mandat. Depuis, les conseils de l'ordre n'ont pas réussi une seule fois à mettre en place un exécutif qui fonctionne vraiment correctement. On pourrait illustrer cette affirmation par une liste malheureusement assez longue de faits dont certains sont assez graves. Le dernier date du convent d'octobre 2012 après lequel un ancien Grand-Maître, est accusé par plusieurs loges d'avoir fait, en plein convent, une dénonciation calomnieuse envers un candidat au conseil de l'ordre.
Pour faire fonctionner une obédience de cette taille, il faut des cadres responsables, compétents et disponibles. En face de l'exécutif élu, il est aussi nécessaire, comme dans toute structure démocratique, de compter sur un contre pouvoir, pourvu des mêmes qualités et jouant son rôle d'observateur d'éventuelles transgressions des règles écrites ou admises par l'obédience.
On ne peut que constater que si la GLMF a bien démarré grâce au dévouement et la qualité des cadres des premières années, elle souffre maintenant d'un grave déficit en la matière, risquant de provoquer l'épuisement des bonnes et dévouées volontés qui tentent de faire vivre cette maçonnerie mixte.
La mixité maintenant réalité au GODF va permettre de rendre de plus en plus acceptable la maçonnerie libérale française, avec son histoire, ses combats et ses acquis à ceux qui ne la regardaient même pas par le fait que la non-mixité la rangeait avec les institutions poussiéreuses et réactionnaires des siècles derniers. Au GODF, il serait profitable que la mixité devienne réelle c'est-à-dire que la féminité sorte rapidement de la marginalité en terme d'effectif.
S'il n'est plus possible de redresser, malgré les efforts, le fonctionnement de la GLMF il semble que la maçonnerie libérale et adogmatique française pourrait gagner en rayonnement et en efficacité initiatique en regroupant au sein du GODF l'ensemble des Loges en accord avec ses principes, traditions et règlements.
La GLMF a pleinement joué son rôle pendant trente ans. Grâce à elle les idéaux et pratiques initiatiques partagés avec le GODF ont pu vivre et se développer dans des loges mixtes.
Pourra-t-elle continuer ?
Yves Barbier
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