CMF : Ah les bonnes âmes, ou la stratégie du sel dans la plaie !
Le grand écart est un exercice douloureux qui sollicitent parfois plus que de raison les muscles adducteurs...
En redigeant cet article sur les repères pour une filiation maçonnique, je n'avais pas connaissance de l'initiative des "Bâliennes"... "La Lumière" est venue rompre ma quiétude interobédientielle !
L'actualité de la Confédération Maçonnique de France (CMF) semblait calme, si calme que l'on pouvait même se demander si le pari engagé par Marc Henry n'était pas en train d'être gagné. Il s'agit pour la GLDF de contourner les exigences londonniennes quant aux origines "régulières" de toutes Grande Loge. En effet, la GLDF est issue du Suprème Conseil de France, obédience gérant 90 loges bleues (il n'en faut que 3 pour être considérée comme "régulièrement constituée") mais aussi, ce qui n'est pas "londoniennement" compatible, de 23 chapitres de Hauts Grades. La fusion avec la GLSE, réalisée le 7 novembre 1894 donne naissance à une obédience qui prend le nom de GLDF, nom qui n'était plus utilisé depuis 1773. Ces origines expliquent les polémiques historiques qui courrent toujours...
La création de la CMF pouvait être un moyen.
D'autre part la GLDF a toujours fait observer qu'alors qu'elle ne demandait rien, ce sont les 5 Grandes Loges qui sont venues lui proposer d'entamer un processus de reconnaissance de leur régularité. Elle espère (probablement toujours) pouvoir éviter de trancher la question clé de la rupture avec les autres obédiences françaises.
Las... C'était compter sans la vigilante exigence des 5 Grandes Loges Régulières de la Déclaration de Bâle qui viennent de faire connaitre leur fraternelle impatience dans une lettre du 29 janvier, justement intitulée "Aux Grandes loges en Amitié" !.
Placée sous le précepte hautement maçonnique de "Rassember ce qui est épars", cette lettre invite toutes les obédiences de la CMF à trancher leurs différentes hésitations et notamment :
"que toutes les parties de la CMF doivent mesurer à présent qu'il convient qu'elles confirment chacune, sans aucune ambiguïté, à la fois la vocation et la finalité de leur institution confédérale, à savoir la reconnaissance internationale et d'autre part leur engagement à faire respecter les règles de la Franc-Maçonnerie régulière permettant cette reconnaissance."
Poir bien comprendre cette exigence, il faut se rappeler la Déclaration de Bâle et notamment l'une des conditions posées :
"rompre sans ambiguïté avec les obédiences non régulières"
C'est à dire toutes les obédiences non reconnue régulière par la GLUA. Actuellement et depuis le retrait de cette reconnaissance à la GLNF, plus une obédience ne l'est en France ! Cette exigence relance le thème de la rupture de toutes relations de la GLDF avec le GODF, le DH. Dans cette hypothèse, il n'y aurait plus d'accord d'intervisite. Partant ce serait l'obligation de cesser l'organisation de toutes cérémonies, de toutes fêtes maçonniques.
Aujourd'hui, au sein de la CMF, la GLDF se retrouve aux cotés des deux seules obédiences nouvellement créés (GL-AMF et GLIF) issues de la crise de la GLNF. C'est-à-dire qu'elle est isolée d'avec le reste de la franc-maçonnerie française.
Les 5 de Bâle lui proposent une alternative simple mais à l'exigence vertigineuse : ou bien vous rompez avec votre histoire et nous reconnaissons votre régularité ou bien vous ne rompez pas et nous ne vous reconnaissons pas !
Ce sont d'ailleurs les points que Michel Singer met sur les i dans un commentaire sur Facebook :
Évidemment, un traité entre les cinq Grandes Loges européennes et la Grande Loge de France serait impossible à réaliser au cas ou la Grande Loge resterait sur ce statu-quo. Il faudra bien que les dirigeants actuels de la Grande Loge présentent cette proposition au vote des députés au prochain Convent. Seuls les députés des Loges peuvent valider une telle décision dans un sens ou dans l'autre. Nul doute qu'un tel vote, dans un sens ou dans l'autre, sera lourd de conséquences pour l'avenir de la Franc Maçonnerie traditionnelle dans notre pays. La Grande Loge de France redeviendra "Régulière et reconnue" ou elle restera dans un statu-quo qui continuera de faire d'elle une obédience "régulière mais non reconnue" comme elle l'est depuis 1964.
Quant à la GLNF, malgré "les cicatrices profondes de la crise", les 5 de Bâle lui font savoir qu'elles considèrent la GL-AMF et la GLIF comme "régulières par leur origine". En d'autres termes, il est grand temps de faire sécher le mercurochrome et de vous préparer à ce que nous reconnaissions ENSEMBLE la GLNF, la GL-AMF et la GLIF et éventuellement la GLDF si elle assume le choix que nous lui proposons...
Au passage, on notera qu'elles ont déjà anticipé la sortie de la GLTSO du processus...
Enfin, et pour bien insister sur l'erreur que tout lecteur pourrait commettre à la lecture de cette lettre, les 5 de Bâle indiquent qu'elles "réaffirment une fois encore leur souci de non ingérence".
Ouf !
(- non, non, ce n'est pas du verlan !)
A suivre...
Gérard Contremoulin ____________________________________________________________