La 17 ème chambre de Paris vient de rendre un jugement stupéfiant et dangereux dans l’affaire qui nous oppose à Marine Le Pen, suite au livre que nous lui avons consacré.
Globalement, la montagne a accouché d’une souris. Aucun rectificatif n’est demandé. Les faits sont reconnus, cités dans leur contexte, l’enquête est sérieuse et utile… Surtout concernant une candidate à l’élection présidentielle.
Sur les 125 000 euros réclamés, la Cour ne concède que 800 euros d’amende par auteure (qui s’ajoutent aux frais d’avocats) et à payer conjointement 7900 euros .
Nous avons gagné sur 80 % des points soulevés. Mais nous sommes tout de même condamnées, symboliquement, pour deux points stupéfiants.
1) Pour avoir rapporté les propos tenus par Pierrette Le Pen dans la presse contre Jean-Marie Le Pen, son racisme et son antisémitisme, au moment de son divorce !
2) Pour avoir souligné les liens entre la famille Le Pen — à la tête du parti le plus moraliste de France — avec Henri Botey… L’empereur de Pigalle, récemment arrêté ! Un lien que Marine Le Pen ne nie pas mais qu’elle minimise et sur lequel il n’est toléré visiblement aucun commentaire.
Les Le Pen sont donc officiellement les seuls responsables politiques au dessus du droit de la presse : celui d’enquêter et de rappeler certains épisodes embarrassants pour leur communication.
Ces 20% du jugement nous laisse sans voix et surtout désarmées pour savoir comment faire, à l’avenir, pour continuer à mener de telles enquêtes. Nous allons nous battre pour refuser cette censure juridique, qui rend impossible l’exercice de notre métier : le journalisme d’enquête et d’analyse. Qui tente de résister aux communications d’apparence pour informer.
Caroline Fourest et Fiammetta Venner
Communiqué du 9/10/12
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