Conférences départementales sur la liberté religieuse : le GODF joue la chaise vide !
M. GUEANT repasse à l’offensive contre la Laïcité . Et voici une nouvelle étape de la lutte pour faire bouger les lignes sur la question du contenu de la loi de 1905. Le rapport Machelon n'est jamais très loin des initiatives sarkoziennes et cette dernière s'attaque à deux aspects fondamentaux de la séparation des églises et de l'Etat.
La mise en place, dans chaque département, d’une « conférence départementale de la liberté religieuse », placée sous la responsabilité des préfets est une initiative qui pose un double problème. D'abord, celui de l’intrusion de l’Etat dans la vie des cultes, ce qui contrevient à l’esprit et à la lettre de la loi du 9 décembre 1905 sur la séparation des églises et de l’Etat, comme l’indique le 18 octobre la Commission Nationale Permanente de la Laïcité (CNPL) du Grand Orient de France, position relayée par « InfoClub FM », ce 21 octobre. D'autre part, celui qui tente de réduire la dimension universelle du champ de la "Liberté de Conscience" (que nous voulons "Absolue" au GODF) à celui, étriqué, partiel, partisan, de la "liberté religieuse"...
Un point qui me choque profondément c’est que le Grand Maître et le Conseil de l’Ordre aient décidé que le GODF, en tant que tel, n’aurait rien à dire sur cette question !
M. Guéant lance une énième attaque contre le principe sur lequel est construite la République, le principe de Liberté de Conscience. En effet, le ministre de l’intérieur commet, avec le lancement de cette conférence, – et l’on ajoutera que c’est volontaire - une double erreur. D’une part, cette conférence affirme qu’il serait inconcevable de penser la vie sans l’existence d’une transcendance, d’un dieu, quel que soit son nom et, d’autre part, elle laisse apparaître qu’il n’y aurait pas de place dans la République pour celles et ceux qui doutent de cette existence, les agnostiques ou pour celles et ceux qui repoussent l’idée même de cette construction autour d’une transcendance, les athées. Dans l‘un et l’autre cas, M. Guéant laisse apparaître sa vision, finalement communautariste, de la société, tout comme le président de la République dans son discours du Latran à propos de l’instituteur et du curé ou du pasteur, à savoir que la vie est d’essence religieuse ! Rien n’est, pour les républicains évidemment , moins certain !
La Liberté de Conscience constitue justement cette possibilité de réunir dans une même communauté nationale, dans une même nation, celles et ceux qui croient, celles et ceux qui ne savent pas en quoi croire et celles et ceux qui ne conçoivent pas de croire ! C’est de ce point de vue que l’idée même de cette conférence est une aberration dans notre République.
Mais cette aberration n’est pas fortuite. C’est la réaffirmation du choix sarkozien de faire sous-traiter les questions sociale et éducative par les religieux !
C’est proprement inacceptable.
Et c’est précisément ce qu’il FAUT dire, qu’il faut expliquer, surtout dans une période où chacun pourrait être attentif aux débats… Mais c’est précisément lorsque cette bataille est engagée par les adversaires de la Liberté de conscience que le Conseil de l’Ordre du GODF choisit de faire en quelque sorte le « minimum syndical » en faisant savoir par la CNPL qu’il pratiquera la politique de la chaise vide en appelant « l’institution GODF » à ne pas répondre aux appels des préfets ! Pourquoi ?.
Ce minimum minimorum – un communiqué ( !) - ne peut que laisser circonspect. Pourquoi cette pusillanimité ?
Gagne-t-on quoi que ce soit à ne pas s’expliquer, à ne pas être physiquement présent aux endroits où se débattent des choses fondamentales ? Le GODF peut-il se comporter comme un parti politique et donner de telles consignes ? J’ai connu, au moment du débat national sur la Laïcité, la situation où certaines forces politiques insistaient pour que le Grand Maïtre (de l’époque) donne une pareille consigne. Je sais aussi la fin de non recevoir qui fut donnée !
Ce qui est troublant, c’est que cette attitude du GODF n’est pas unique dans les dossiers sur la Laïcité. Par exemple, la députée européenne Véronique de KEYSER vient de lancer une initiative, visant à constituer un front laïque uni en Europe vis-à-vis des institutions de l’Union européenne et notamment du fameux article 17 du traité. Une réunion vient d’avoir lieu à Bruxelles, le 20 octobre.
J’en rendrai compte plus complètement dans un prochain article.
Le GODF, qui avait été invité à apporter sa participation active à l’organisation même de cette réunion européenne, a décliné. Nous en connaîtrons probablement un jour les raisons. Toujours est-il que, pour l’ensemble des participants, le GODF, pourtant présent par un conseiller de l’ordre, n’y fut pas présenté, ni par une prise de parole ni même par une mention de présence. Tout comme la Fédération Nationale de la Libre Pensée dont il fut précisé, là par contre, la raison de l’absence : refus de participer de près ou de loin aux institutions européennes parce qu’elles ne sont pas démocratiques ! Chacun appréciera la portée d’une telle décision.
Jean-Michel Quillardet, en tant que président de l’Observatoire International de la Laïcité et des dérives communautaires, devait manifester son désaccord avec ce type d’attitude, largement partagé par l’assistance, dont j’étais.
Est-ce là le contenu d’un concept, que j’ai toujours combattu, du GODF « corps intermédiaire de la République » ?
Gérard Contremoulin
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