Le paysage maçonnique français ? En état de stagflation selon Alain Bauer...
Le dernier Bauer est paru et c'est un interview pour le blog de François Koch !
Comme à l'accoutumée, un interview d'Alain BAUER est toujours fortement ressenti dans le monde maçonnique. Cette fois, il nous décrit "l'état 2013 de la Franc-Maçonnerie en France". Quoique l'on puisse en penser, sa parole vient à propos rappeler quelques vérités, décrire sa vision de ce que nous sommes aujourd'hui et, en filigrane plus ou moins prononcée, faire quelques suggestions.
Cette triple crise, puisque c'est ainsi qu'il en parle, ne laisse personne au bord du chemin. GLNF, GLDF et... GODF sont à table pour se voir servir une cuillerée finalement astringente.
La GLNF. Alain Bauer évoque la volonté de François Stifani de transformer la GLNF en "GODF de droite". Il est effectivement très probable que cette stratégie aura été l'un des éléments déterminant qui aura sonné le glas de sa Grande Maîtrise. La découverte d'une lettre qu'il avait adressée en 2008 à Nicolas Sarkozy, lui assurant le soutien de l'obédience, est venu confirmer ce positionnement. Elle serait en état "d'explosion-recomposition". Ayant perdi près de 16.000 membres, 3 obédiences sont nées de scissions succéssives en peu de temps, la GL-AMF, la GLIF, parties prenantes de la future confédération, et la GLTF.
La GLDF et la construction de la Confédération.
Trois questions sont abordées par Alain Bauer dans la logique des critères de la Déclaration de Bâle.
Celle du poids du Suprême Conseil de France, juridiction des hauts grades du REAA, avec le rôle qu'il continue à jouer dans la vie interne de l'obédience (les loges bleues). Certains membres sont présents dans les instances de l'une et de l'autre. Cette spécificité apparaîtra nécessairement comme une "anomalie" aux yeux des anglais. Ce qui a été analysé comme tel ici.
Celle de la rupture "sans ambiguïté" de ses relations avec les obédiences irrégulières, question évoquée plusieurs fois ici et ici. C'est d'ailleurs l'un des éléments sur lequel on sent comme une "crispation" chez notre ami Jean-Laurent. C'est effectivement LA question qui ne peut que provoquer, voire exacerber, des tensions internes relativement à la question des intervisites, qu'ils voudront continuer à pouvoir pratiquer... C'est ce qui ressort des commentaires apportés soit sur ce blog soit sur la page Facebook qui lui est liée.
Celle de la quête irrésistible de la Régularité qui a conduit, dit-il, les représentants de la GLDF à proclamer que "le GADLU était un Dieu reconnu" lors d'une Conférence des Grandes Loges américaines ! Cela me rappelle quelque peu la réponse que Michel Singer, ancien Grand Chancelier (responsable des affaires étrangères), avait tenu à faire à certains de mes propos. Etait-il dans cette délégation dont parle Alain Bauer, je ne sais, mais la teneur va dans le même sens !
Mais la principale critique, il la porte sur le fait que les réponses à ces critères sont rejetées dans un après qui ne dit pas son nom. Cette manière qui consiste à privilégier ce qui plait pour reléguer ce qui fâche risque de reproduire les mêmes effets (l'échec) que lors de la précédente tentative de 1950, celle dont parle "Christophe" dans plusieurs de ses commentaires aux articles de ce blog ! Une "recomposition sans visibilité."
Le GODF.
Puisqu'il faut garder le meilleur pour la fin, Alain Bauer ne mâche pas ses mots à propos du GODF. Et disons le tout net, s'il met en avant la progression des effectifs, c'est pour annoncer un déclin probable si l'obédience ne reprend pas le chemin historique qui est le sien qui est "d'exprimer collectivement des options et des propositions progressistes".
Force est de constater que nous sommes en panne. En panne dans notre capacité à synthétiser nationalement les réflexions annuelles de nos Loges, en panne de lisibilité extérieure, en panne dans notre capacité collective à nous réformer, c'est-à-dire en panne d'idées qui nous mettraient en phase avec non pas ce qu'a été la société et qu'il nous faudrait retrouver (et certains accents du "Manifeste" n'échappent pas à cette "nostalgie") mais en phase avec ses évolutions, avec ses potentialités, avec ses UTOPIES !
Alors, Alain Bauer a-t-il tort de parler de "crise prospective" pour le GODF ?
Le mot est fort mais la réalité nous rattrape. C'est un défi. Réussir le travail qu'un certain nombre de congrès a engagé, dont celui auquel j'appartiens comme délégué de ma Loge. Savoir reconstruire cette capacité à être un laboratoire d'idées, savoir anticiper, "oser penser" comme disait Charles Porset...
En fait avoir la volonté de se coltiner la réalité sociale, économique, européenne et internationale non pas pour en faire une analyse puis un programme politique mais pour élaborer ces "options et propositions progressistes"...
L'interview commence sur l'évocation de "La Maçonnerie Française", cette espace maçonnique où les obédiences qui se reconnaissaient mutuellement s'étaient engagées sur une charte, susceptible de rassembler leurs valeurs et leurs efforts pour avancer ensemble. Alain Bauer en avait été un artisan talentueux. Et JLT nous rappelle dans son dernier article que c'est Alain Graesel, alors GM de la GLDF, qui avait choisi de retirer son obédience de cette iniiative. Déjà...
Alors, aussi irritante que puisse être pour certains la parole bauerienne, elle vient nous cueillir, nous provoquer et nous obliger à cheminer...
Et si "la preuve du pudding est qu'on le mange", force est de constater que j'ai écris cet article et, qu'apparemment, vous l'avez lu.
Gérard Contremoulin
____________________________________________________________
Commenter cet article
réboussié 21/02/2013 17:32
Adèle Cite 20/02/2013 14:48
Christophe 20/02/2013 08:38