Les 200 ans de la "Jérusalem Ecossaise" ou la réunion de la famille écossaise ?
Une Loge qui fête ses 200 ans est un évènement majuscule, un témoignage de la vitalité de la Franc-Maçonnerie à travers les siècles et les vicissitudes de l'histoire. Née sous le 1° empire, la RL "La Jérusalem Ecossaire n° 99" triomphera de ses guerres, elle traversera les deux révolutions sociales de 1830 et 1848, Sedan puis La Commune et les deux conflits mondiaux. Ses membres contribueront directement et indirectement à cette période clé d'élaboration des lois majeures de la période 1871-1905, ces lois qui structurent encore notre vie sociale aujourd'hui...
C'est cet évènement que Jean-Laurent nous dans son blog en précisant qu'il s'agira d'une TBO, le 8 décembre, à la GLDF, 8 rue de Puteaux.
Et, au passage, il en profite pour nous gratifier d'une "légère" provocation, en fait une note "historique" dans la grande orthodoxie de la rue de Puteaux dont je tire cet extrait :
La Loge « La Jérusalem Ecossaise » est également l’une des toutes premières loges à avoir créé des loges d’adoption (c’est-à-dire des loges féminines) souchées à des loges de la Grande Loge de France.
Ces loges d’adoption prendront leur autonomie en 1945 sous le nom d’«Union maçonnique féminine de France» qui devient officiellement en 1952 la Grande Loge féminine de France.
Il y a donc bien en France aujourd’hui trois obédiences sœurs, pratiquant le Rite Ecossais Ancien et Accepté, qui ont une histoire, une mémoire et un avenir commun : Le Droit Humain, La Grande Loge de France et la Grande Loge Féminine de France.
Contrairement à une idée communément répandue, la maçonnerie mixte moderne, comme la maçonnerie féminine, ne doivent rien au Grand Orient de France ni au rite français.
Alors je ferai, à mon tour, quelques "légères" remarques :
Une TBO (Tenue Blanche Ouverte) est une réunion maçonnique qui est ouverte aux profanes et dont les orateurs sont Francs-Maçons. C'est ainsi que 3 Grands-Maîtres interviendront : Jacques Samouelian (DH), Catherine Jeannin-Naltet (GLFF) et Marc Henry (GLDF). Rien de que de très classique. Mais, s'agissant d'une Tenue, c'est à dire d'une réunion rituelle de Francs-Maçons, la présence de profanes n'intervient qu'après que la cérémonie "d'ouverture des travaux" ait eu lieu. On devrait donc assiter à une grande première puisque la GLDF n'accepte habituellement pas les Soeurs à leurs travaux rituels ! A moins qu'elles ne soient accueillies dans le Temple qu'après la cérémonie d'ouverture ! Ce serait d'une remarquable élégance...
Et puis, venant quelques semaines après la déclaration de Catherine Jeannin-Naltet, la TRGM de la GLFF qui parlait du "clan du GODF", ce paragraphe de Jean-Laurent sonne comme un curieux écho : "Il y a donc bien en France aujourd’hui trois obédiences sœurs, pratiquant le Rite Ecossais Ancien et Accepté, qui ont une histoire, une mémoire et un avenir commun .../..." Je souhaitais dans l'article référencé ci dessus qu'elle puisse expliciter cette notion de "clan". Un certain nombre de contributeurs tant ici que sur Facebook avait le même souhait. Notre curiosité est relancée !
Que la GLFF et le DH "ne doivent rien au GODF ni au rite français", voilà une déclaration qui n'est pas surprenante de la part d'un membre éminent de l'obédience de la rue de Puteaux. Elle passe un peu vite cependant sur quelques éléments historiques. La GLDF et le DH sont des obédiences monorites qui pratiquent exclusivement le REAA. Elles n'ont donc rien à voir effectivement avec le rite français. Il n'est est pas de même avec la GLFF qui pratique plusieurs rites dont le rite français. La patente de ce rite (le droit de l'exercer) lui a été remise par le GODF, tant pour les ateliers symboliques (bleus) que pour les grades de perfectionnement (au delà des ateliers bleus). Certes, ce n'est pas du gout de tout le monde mais un nombre non négligeable de Soeurs pratiquent le rite français !
Enfin, il est risqué pour un auteur de la GLDF de nier toute participation du GODF à la naissance de la GLFF lors de la transformation de l'union Maçonnique Féminine. D'autant que le GODF a apporté son aide parce que la GLDF ne le pouvait pas... Et, même s'il ne s'agissait comme l'indiquait "Paula",une Soeur de la GLFF, dans un commentaire (n° 12) : "Le Godf a prété des locaux chauffés à l'Union Mac Féminine. Lors du développement de la Glff, ceci est devenue une "tradition", puisque la majeure partie des loges sont logées dans des temples du Godf (pour la province)."
Quoiqu'il en soit, le 200° anniversaire d'une Loge, constituée en 1807 au GODF, est un évènement essentiel. Dans le cas de la "Jérusalem Ecossaise n° 99", il est historique tant pour elle-même que pour la Franc-Maçonnerie qui se développe sous l'empire. Et donc pour le rite, tout nouvellement importé par De Grasse Tilly, en 1804, le REAA.
Souhaitons que les intervenants ne manquent pas de s'interroger sur les raisons qui ont conduit Napoléon 1° à faire pression, avec l'efficacité que l'on sait, pour imposer la pratique du REAA dans la maçonnerie d'Empire...
Gérard Contremoulin
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