Marie-Françoise Blanchet
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Sous le titre : "Mariage pour tous : l'Eglise ne cherche pas l'égalité mais des croyants soumis",
Marie-Françoise Blanchet, ancienne Grande Maîtresse de la Grande Loge Féminine de France, dénonce l'intrusion des religions et de leurs clercs dans le débat citoyen à propos de la création d'un
droit universel : le mariage pour tous.
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Marie-Françoise BLANCHET signe ce texte dans "le Plus - le Nouvel Obs". Elle expose
avec fermeté un point de vue laïque et républicain qui tient dans l'esprit même de la loi de 1905, la liberté de conscience. Elle montre qu'à chaque fois qu'une église s'est introduite dans un
débat de société, ce sont les femmes qui ont payé le prix fort.
La loi s’impose à tous, et à toutes. Il ne peut donc pas y avoir, en France, de "communautés" au sein desquelles des règles particulières
s’appliqueraient à une communauté en particulier. La République respecte toutes les croyances, mais la loi et la Constitution les renvoient à la sphère intime du croyant, qui ne peut s’imposer à
l’ensemble. La loi reste au-dessus de la foi.
Pourtant, chaque fois qu’un débat de société s’ouvre pour un plus grand respect de l’égalité des citoyens, et
notamment des citoyennes, le poids moral des autorités religieuses se fait puissamment sentir dans le débat public.
Les femmes ont payé pour le savoir lorsqu’il s’est agi d’obtenir le droit de vote, le droit au travail, l’autonomie
financière, le divorce, et très récemment encore les droits égaux pour les enfants nés d’un adultère.
Qui a oublié les vociférations, les injures proférées au nom de la morale religieuse lorsque Simone Veil a présenté
le projet de loi autorisant l’avortement ?
Qui a oublié ces commandos de "parfaits chrétiens" faisant irruption dans les hôpitaux ou cliniques pour empêcher
les médecins de pratiquer des interruptions de grossesses pourtant autorisées par la loi ? Qui a oublié les débordements, la violence des mots, les insultes, lorsqu’il s’est agi de voter la loi
autorisant le PACS ?
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Au moment où va se discuter le projet de loi sur l’égalité de tous les citoyens face à la loi, y compris devant
l’union civile appelée mariage, il est indispensable de rappeler le principe fondamental de laïcité.
Ce principe nous permet de tenir les mouvements religieux à distance, dans la sphère privée, d’où les croyances
religieuses ne devraient pas sortir, puisque chacune de leurs interventions sur des sujets de société, qui ne regardent que les citoyennes et les citoyens, et non les "croyants", constitue une
violation de l’article 1er de la Constitution, et par là-même un trouble à l’ordre public.
Avec ce texte, nul doute que nous la reconnaissons comme telle !
Gérard Contremoulin
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