Noël : un moment riche de sens...
L'écliptique et sa relation avec l'équateur céleste et l'axe de rotation de la Terre
A l'approche des fêtes de fin d'années, les francs-maçonnes et les francs-maçons se préparent à célébrer le solstice d'hiver.
Moment important de la révolution des planètes autour du soleil, le solstice d'hiver annonce le moment où la nuit est à son apogée, la plus longue de l'année. Cette situation physique particulière par rapport au plan de l'écliptique est riche d'interprétations symboliques.
Pour nourrir les contenus de la symbolique maçonnique, les francs-maçons ont largement puiser dans la mythologie, laquelle comprend de vastes champs voués à la connaissance des astres, à leur interaction avec le panthéon des dieux et avec les hommes.
Et comme ils n'oublient pas non plus qu'ils sont frères ou soeurs, filles ou fils, pères ou mères, ils se préparent aussi à fêter Noël. Et comme ils ont aussi un réseau d'amis, ils se préparent à fêter le "Jour de l'An". Bref, le festif supplante bien volontiers le symbolique.
Et pourtant...
Noël est aujourd'hui le fruit d'une tradition à la transmission complexe. Charles Conte nous livre une analyse dans Médiapart "Joyeux Noël laïque" qui commence et se termine ainsi :
Les associations de libres penseurs, qui furent le fer de lance du mouvement laïque au XIX° siècle et au début du XX°, rassemblaient à cette époque quelque trente mille adhérents, dont d’éminentes personnalités telles que Victor Hugo, Marcellin Berthelot ou Anatole France. Parallèlement à leur combat politique elles eurent une importante activité culturelle, qu’a bien mise en lumière Jacqueline Lalouette dans sa grande thèse sur la Libre Pensée (1). Elles établirent notamment un véritable programme de promotion des « Fêtes civiles », largement inspiré des grandes fêtes de la Révolution (2) et qui avait pour objet de laïciser les fêtes saisonnières autrefois christianisées.
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C’est dans le cadre discret de la franc-maçonnerie que la tradition d’une célébration laïque des fêtes semble s’être le mieux conservée. Depuis les Constitutions d’Anderson, texte fondateur publié en 1723, les solstices sont ainsi marqués par des « tenues de Grande Loge » suivies d’un banquet. Dans les années cinquante, un évêque français avait étrangement fulminé contre le personnage du Père Noël. Récemment des parents d’élèves, évangélistes et musulmans traditionnalistes, ont protesté contre la présence de sapins de Noël dans les écoles primaires : réclamations sans doute aussi incongrues que la précédente (il n’y avait pas de crèches dans ces écoles, donc pas de connotation formellement chrétienne dans cette décoration de saison !). Ne pourrait-on se décider à reconnaître enfin que Noël, cette fête saisonnière par excellence, peut légitimement être célébrée de multiples façons, qu’elle « n’appartient » à aucune culture ou à aucun culte en particulier, qu’elle a une longue et riche histoire diversifiée, et qu’elle pourrait donc être une merveilleuse occasion de dialogue interculturel ?
Et si George Sand introduit le "Père Noêl" dans l'univers de nos représentations symboliques en 1855, si à partir de 1850, Thomas Nast dessinateur au Harper's Weekly de New York représente Saint Nicolas (Santa Claus) avec un manteau rouge ornée du fourrure blanche et d'un large ceinturon, il semble bien que le point de départ, le principe créateur du symbole soit le dieu viking Odin qui offre des cadeaux aux enfants. Odin, le dieu des morts, de la victoire et du savoir...
Et Thomas Nast établira la résidence du Père Noël au ... Pôle Nord.
Noël n'est pas un moment anodin dans l'imaginaire et la symbolique des civilisations. Les multiples significations, qu'elles soient d'origines religieuses, payennes, laïques, athées, nous renvoient à cette notion de richesse des peuples qui est la raison d'être de toutes les facettes de notre Humanité.
A quelques temps de la disparition de Nelson Mandéla, nous avons là l'une des justifications humaniste et politique de la nation "arc-en-ciel". Que cette nation qu'il voulait pour son peuple puisse s'étendre tout simplement à l'humanité !
Enfin, l'évocation de Noël me renvoie vers la fin des années 80, vers ce moment où, dans le temple maçonnique de L'Haye-les-Roses, un frère émérite, tellement talentueux, présentait un planche sur le Père Noêl... Rare moment d'égrégore où la recherche et l'application au travail rencontrait l'envie d'écouter et d'apprendre...
J'attends tellement le retour de cet orateur et de ce moment là...
Mais chacune, chacun, à Noël, n'attend-il pas le retour du moment où, le soleil état au plus bas de sa puissance, l'Homme admet qu'il ne peut plus compter que sur sa flamme interne. Cette flamme qu'il entretient en retournant sur lui-même, en retrouvant le fil-à-plomb et Vitriol, ce moment qui va lui permettre, les ténèbres occupant le maximum de son temps, de se livrer à l'introspection.
Noël, c'est ce moment quelque peu "magique", ce rendez-vous avec soi-même qu'il ne faut pas manquer. Car lorsque la Nature se réveillera, lorsque le cycle de la vie reprendra tous ses droits, l'Homme devra assumer toute l'étendue de sa responsabilité d'Homo sapiens sapiens...
Gérard Contremoulin
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